Carnet d’aventure : Mongolie

28 juin 2022 

30jours seul dans le désert Mongol

C’était juste avant la crise sanitaire de la COVID-19. Las des tempêtes nordiques, je me suis lancé le défi de traverser un désert de sable. Seul, en autonomie totale, avec un sac, une bâche et des rations. Jusqu’à présent j’avais pour habitude de traverser les toundras nordiques battues par les pluies et les grands vents…je n’avais jamais affronté le soleil et le sable.

Paris – Moscou – Oulan Bator – Uliastay. Après 6h de vol et 14h de bus en hors piste j’arrive à Uliastay, départ de l’aventure !

Uliastay

Le désert

J’arrive au levé du soleil dans la petite capitale du district d’Uliastay. Cette région est l’une des régions les plus pauvres et reculées de Mongolie. Les cartes sont floues, aucun touriste, le désert de Gobie n’est pas loin. PARFAIT ! C’est ici que j’ai décidé de commencer mon aventure, le long de la rivière Zavkhan.

Un fleuve turquoise qui ondule entre les dunes. Le rêve ! Du moins, depuis Paris assis derrière son écran d’ordinateur. Car à contrario des tempêtes nordiques que j’ai l’habitude d’affronter, la répétition quotidienne des chocs thermiques +35°C ( jour ) ; +2°C ( nuit ), la marche dans le sable, cet incessant ciel bleu… fatiguent le corps et l’esprit. Aucune montée pour “râler”, aucune pente pour souffler, aucun nuage pour se distraire. J’en regrette les combats contre les éléments, vécus dans le grand Nord. Eux, distraient l’esprit et font oublier la douleur du moment.

Zavkhan river

Le jeune nomade

J’ai avancé 20 jours ainsi. Avec le temps le corps s’habitue, la fatigue diminue… laissant place à un immense silence et un grand RIEN. Et puis l’impossibilité d’abandonner qui empêche toute pleinte…car mon avion m’attendait 700km plus loin, à Khovd. Au fur et à mesure de mon avancée dans la steppe, les rencontres humaines se raréfient et les regards s’écarquillent d’ahurissement. Personne ne traverse cette région, pas même les cavaliers mongols … il y aurait des loups et les dunes sont trop difficiles à cheval.

C’est dans ces moments que l’on s’en remet à ce que j’appelle “Le grand hasard”. Vous savez celui qui se charge de vous, et organise toujours un quotidien pimenté ! Négatif comme positif ! Mais digne des plus grandes agences de voyages .. .accueil chez l’habitant, nuits à la belle face à des paysages hors normes … chevauchée à cheval … course de moto cross dans les dunes … On oubliera les nuées de mouches, le cagnard, les chutes dans les marais … la soif…. C’est au milieu de ce planning bien complet qu’un jeune nomade m’invite à diner le soir dans sa Yourte. Une soirée magique entre dressage de chevaux et échanges sur nos modes de vie. Merci aux mimes et aux dessins sur le sable… Et puis au petit matin, un rodéo à moto cross et me revoilà à pied avec mes 50kg sur le dos.

Tsogtjargalan

Les lacs et l’ennuie

21e jour. Après les dunes et cette immensité plate où j’ai failli perdre le Nord … je tombe sur une ruine soviétique. Une nuit protégé par 4 murs loin des hardes de chevaux sauvages. Au levé du soleil, je prend plein Sud direction Khovd … Les dunes et le fleuve laissent place à une région grise de roches, parsemée de grands lacs immobiles. Pas de vent. Pas de vagues. Pas de bruit.

La traversée du désert ayant été réalisée plus vite que prévu, j’ai gagné 7 jours sur mon estimatif. 7jours à patienter dans cette immensité vide avant l’avion retour. Ni trop loin du seul point d’eau, ni trop loin de la piste de nomades…Ni trop loin d’un point haut pour dormir protégé des troupeaux…Bref, c’est ici que j’aie découvert le vrai ENNUIE. Celui qui arrive quand vous avez mangé, bu, lu, écrit, pleuré, marché, dessiné, contemplé…cette grande page blanche sans aucune aspérité…ou plutôt ce grand mur blanc et lisse qui vous frappe en pleine face. L’ENNUIE. Luxe ou enfer. J’aurai dit enfer et maintenant de retour à Paris, je dirai Luxe. On est jamais content !

Khar lake

Le moine et la mafia chinoise

28e jour ! Me voilà dans un retour progressif à la civilisation ! Les nomades apparaissent à nouveau. Quand je leur raconte mon parcours j’ai droit à un repas copieux et bien arrosé, accompagné de rires et de regards curieux. Peu à peu ils laissent place aux propriétaires terriens et je découvre l’extrême pauvreté de la propriété … avant de traverser les bidon villes de Khovd et leurs travailleurs pauvres. Et puis tout à coup me voilà recueilli par un pharmacien qui me guidera jusqu’à un moine et son temple Boudhiste. Nous échangeons sur la marche et les différents périples vécus…lui pour fuir la Chine…moi pour “faire pause”. S’en suis un diner à base de tête de mouton et d’eau sacrée qui aura raison de moi … affalé sur le montagne sacrée de Khovd je passe une nuit horrible…qui aura le mérite de me guérir !

Le matin, j’en descend bien allégé et croise 4 range rover noir. En descendent 10 jeunes chinois et un vieillard. Investisseurs dans l’or… maitre Kung fuh … je me retrouve pris en photo avec le vieil homme qui me tient l’annulaire. Tout cela pendant que mon chargeur solaire recharge mon téléphone satellite. Retour à la civilisation !

FIN

Aéroport de Khovd

Atelier de paysagistes concepteurs pour jardins naturalistes